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DJs, les nouvelles rockstars ?

Par Johann

Et si Tiesto avait fait du rock ? Et Pete Doherty, il sait scratcher ? Le débat n'est pas neuf, mais la comparaison entre grands noms de la scène Electro internationale et dieux de la guitare ne cesse de se répéter, et d'être utilisée à tous les instants, particulièrement lorsqu'ils ne sont pas valorisants pour nos amis platinistes.



Posons-nous une question toute simple : qui pouvons-nous citer qui soit une star du rock ? Surtout, connaissons-nous cette star pour son talent et ses créations, ou pour sa personne ? Il existe certainement des exceptions, et chacun aura ses propres « stars » à citer, mais pour une très large majorité, des mecs comme Bono (U2), Freddie Mercury (Queen), Brian Johnson (ACDC) et autres Lemmy Kilmister (Motorhead) sont connus au-delà de leur art pour des faits qui dépassent la seule musique. Qu'il s'agisse d'activisme politique, de prise de position sociétale, d'engagement humanitaire, de sombres histoires d'alcool, de drogue, de filles (ou les 3), de particularités physiques... on a forcément entendu parler de ces artistes. Et si on ne devait retenir que la musique, qu'en serait-il ? Saurait-on aussi facilement qui ils sont ? Auraient-ils la même envergure ?

Rockstar, c'est une attitude et un état d'esprit !


Être une « rockstar » aujourd'hui, ce n'est pas nécessairement être une star du rock. L'expression, puisque c'en est une, a dépassé les frontières du genre musical, et même de la musique tout court. On peut être une rockstar de la haute couture, du cinéma, de la chirurgie esthétique ou de la performance scénique, peu importe. Rockstar, c'est une attitude et un état d'esprit ! Quelques journalistes ont tenté de se pencher sur le sujet, mais pour le moment, il n'existe pas de guide pour déterminer si l'on est, ou si l'on est pas.

Il est amusant de constater que de toutes les autres catégories musicales, Rock exclu, c'est aux artistes électroniques que l'appellation « rockstar » est la plus souvent associée. Ils sont peu quelques-uns dans le Hip-Hop, idem pour la Pop, et bien moins nombreux dès qu'on sort de ces 4 grands courants. Plus amusant encore, alors que Madonna, Mickael Jackson ou Beyoncé seront positivement perçu, les « rockstars » Hardwell Hardwell, Steve Aoki Steve Aoki et tout récemment Dimitri Vegas & Like Mike Dimitri Vegas & Like Mike le seront beaucoup moins. Beaucoup d'observateurs voient depuis quelques dizaines d'années la musique électronique comme le nouveau rock, au sens musical du terme parfois, mais essentiellement pour ses aspects festifs et créateurs d'innovations...et c'est là que le drame commence.



Ce parallèle entre Rock et Electro, on les retrouve dans l'histoire et l'évolution de ces 2 courants, dans leur dimension politique et sociale. La grosse différence, c'est que le monde a bien changé entre l'apogée de l'un et celui, actuellement, de l'autre. Aujourd'hui, une grande représentation, c'est avant tout un évènement économique. Ceux qui ont suivi les soirées et festivals sur ces 10 dernières années ne peuvent que le confirmer, le public est moins en moins connaisseur, et les tarifs d'accès de plus en plus élevés. On s'épargnera ici le débat sur les effets négatifs de cette culture mainstream qui veut qu'on vient à des évènements pour y être vu, avant d'être réellement intéressé par lesdits évènements. Cette donnée est pourtant inhérente à notre sujet du jour. Une musique de plus en plus démocratisée attire de plus en plus de monde, ce qui attire de plus en plus de sponsors, puis de médias, qui rendent tout cet environnement de plus en plus mercantile. Ces mêmes médias et sponsors ont besoin de têtes d'affiches, pour légitimer leur intégration dans un milieu, et atteindre encore plus de cibles. C'est avec ce raisonnement, qui fonctionne pour bien d'autres univers, que la musique électronique est devenue un marché, avec ses produits phares. Le produit phare, c'est le Dj, ou le producteur à la mode qu'on fait devenir Dj.

Ce passage à la lumière, qu'il soit soudain, calculé, ou le fruit d'années de travail (ne faisons pas dans la stigmatisation) a différents impacts. Le Dj devient un « artiste », et à ce titre, est accepté et reconnu. Il ne doit plus réfléchir à une activité sérieuse, il exerce une activité sérieuse. Là encore, il n'est pas difficile de tracer des parallèles avec la musique Rock (et d'autres encore). Surtout, le Dj devient « quelqu'un ». On le reconnait dans la rue, son nom fait vendre, attire du public, génère de l'attente... Le processus de starification est là.

Mais, à l'inverse d'autres genres musicaux, cette ascension soudaine des musiques électroniques et de ses représentants s'est également faite dans l'exagération. Explosion de l'offre, de la demande, des revenus, des moyens financiers, de la médiatisation...un super cocktail pour faire tourner la tête à beaucoup de monde et vouloir profiter du système. Après-tout, c'est de bonne guerre. Et c'est bien là que la rockstar attitude prend son envol !



Devoir faire le show sur une mégastructure devant 30 000 personnes, avoir sa tête sur des panneaux d'affichages géants, son nom par-dessus ceux des autres pour la promotion des grands festivals, savoir que c'est grâce à nous, entre autre, que tel ou tel évènement est sold out en à peine 2h, ça demande un certain état d'esprit, et ça peut également affecter son égo... Pas de surprises, il y a 2 écoles : Les « stars » qui acceptent ce statut, en jouent, mais restent humbles dans leurs demandes et leurs interventions...et celles qui acceptent ce statut, en jouent, et en profitent...parfois un peu trop. La diffusion de certains riders de ces artistes en constitue certainement la preuve la plus flagrante, mais les cachets, les revenus annuels (classement Forbes par exemple), les excentricités et autres apparitions médiatiques remarquées en sont autant d'autres.

Alors, non, être une rockstar n'est pas l'apanage du Rock et de l'Electro. On peut citer des dizaines de rappeurs, de stars de la Pop ou de variété (dans leurs pays respectifs) qui peuvent prétendre à ce statut, et qui y prétendent sûrement. Il est seulement dommage, pour la musique électronique, qu'à peine sorti de l'image négative qui lui associait la consommation systématique de substances, on l'incarne par la représentation faussée par la médiatisation que toutes ces icones sont des starlettes sans talent...


Johann Article rédigé par Johann
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