Récap de Nuits Sonores 2024, une entrée réussie dans une nouvelle ère

Après une édition anniversaire l'an dernier pour les 20 ans, l'emblématique festival lyonnais faisait son grand retour du 7 au 12 mai pour son édition 2024. Une édition 2024 qui marquait l'arrivée d'un tout nouveau terrain de jeu pour les Days, les Grandes Locos, un ancien technicentre de la SNCF. 6 jours de fête qu'on vous raconte dans notre récap.

Nuits Sonores c'est chaque année le coup d'envoi de la saison des festivals à travers une énorme fête de près d'une semaine dans la capitale des Gaules. Orchestré par les équipe d'Arty Farty, le festival prend une place toujours plus importante sur la scène des festivals européens et mondiaux de cultures électroniques.

A travers une programmation avant-gardiste, le festival convie des artistes de courants musicaux du monde entier et offre un bon nombre de performances exclusives. Si bien que ce ne sont pas moins de 108 000 festivaliers qui se sont rendus à cette 21ème édition de Nuits Sonores avec un quasi sold-out sur tous les événements majeurs du festival.



Cette année, le festival entre dans sa troisième décennie. Une entrée marquée par l’exploration d'un tout nouveau territoire au sud de Lyon. Exit les Usines Fagor-Brandt dans le 7è arrondissement, nous voici en route pour les Grandes Locos, un ancien technicentre de la SNCF situé à La Mulatière.

Premier événement dans les Grandes Locos

Le mercredi 8 mai marque donc l'ouverture officielle au grand public de ce tout nouveau lieu culturel qui accueillera de nombreux événements tout au long de l'année. Accessible facilement en métro depuis le centre-ville, le site offre un espace démentiel de près de 20 hectares composé d'immenses halles, de terrains vagues et de bâtiments désaffectés.



On découvre donc ce décor post-industriel incroyable qui nous laisse bouche bée dès les premiers pas. On est tout de suite frappé par l'immensité du site et de ses bâtiments. Une architecture brute qui trouve un second souffle avec l'arrivée de Nuits Sonores.

Bière à la main, on s'empresse de déambuler pour découvrir toutes les surprises que nous réserve ce nouveau terrain de jeu. On démarre par la scène la Nef, la plus imposante du festival, qui accueillait notamment la légende du festival Laurent Garnier pour un closing de 3 heures lors du Day 1.



Située dans la plus grande des halles avec une hauteur vertigineuse, cette scène se transforme vite en warehouse XXL dès que les kicks s’enchaînent une fois la nuit tombée avec une capacité d’accueil impressionnante.



On y retiendra, durant les Days, les performances de Richie Hawtin, Hector Oaks et son nouveau live, les B2B de haute volée entre VTSS et Evian Christ, Anetha et Young Marco, Laurent Garnier forcément ou encore la légende Fatboy Slim.



Deuxième scène en intérieur, la Galerie, résolument plus petite que la Nef, qui se situe sous un bâtiment à moitié ouvert par le toit. Une ambiance plus intimiste avec une sensation que l'Histoire est passée par ici notamment à la vue de toutes les fenêtres brisées.



L'architecture tout en longueur avec tous ces pilonnes font de scène notre petit coup de cœur on peut l'avouer. La scénographie est simple mais l'immense rideau blanc derrière la régie a permis aux festivaliers de se jouer d'un voile de douceur au milieu du béton.

On a pu profiter notamment du premier Live de l'année de KI/KI, de l'énergie contagieuse de Jayda G, du set vinyle de dernière minute de Julian Muller ou encore du passage de Ebo Taylor & The Family Band pour sa tournée d'adieu pleine d'émotion.

La légende de 88 ans qui tourne pour la dernière fois de sa carrière en compagnie de sa famille arrive en fauteuil roulant pour les dix dernière minutes du show. Forcément marqué par son âge et sa carrière de plus de 60 ans, Ebo Taylor a du mal à interpréter ses classiques même soutenu par ses fils. Cette tournée d'adieu reste néanmoins un bon moyen de dire au revoir à ce maestro.



Direction désormais la Soundsystem, scène en extérieure située dans un couloir entre deux bâtiments et qui accueillait notamment Skrillex lors du Day 3. Mais on parlera un peu plus tard du passage légendaire de Sonny Moore à Lyon...



La scène, sonorisée par le système Lamba Labs offre une vraie expérience de par son positionnement et son design. On retiendra notamment les sets de Mezigue, Ragga Twins, la performance explosive de Kaba & Hyas pour un savoureux mélange de Hip-Hop et d'Electro et bien évidemment la journée du vendredi avec Skrillex en clôture.



L'Amphithéâtre, dernière scène du festival, est le lieu idéal pour venir découvrir des performances lives.



On y passera surtout lors du Day 2 pour la journée consacrée au Neoperreo, Reggaeton et autres rythmes endiablés. Une scène transformée en véritable piste de danse et de battle tout au long de la journée.



Le festival accueille également en son centre un plateau radio piloté par Fip le jeudi et vendredi puis Rinse sur la journée du samedi. D'abord pensé comme un espace d'écoute avec de nombreux endroit pour s'asseoir, le lieu se transforme dès la nuit tombée en une cinquième scène à part entière à l'ambiance survoltée.



Passage obligé pour le public qui se balade de scène en scène, le plateau accueille de nombreux DJs se succèdent à l'improviste pour le plus grand plaisir des festivaliers qui se trouvaient sur les lieux au bon moment. Un vrai régal !



Outre ses 4 scènes, le festival offre sur ce tout nouveau site d'énormes espaces pour se restaurer et se poser. Seul couac pour cette grande première aux Grandes Locos, les files d'attente du Day 1 et Day 2 pour les toilettes féminins et quelques stands de restauration.

Un problème résolu dès le Day 3 avec l'ajout d'un nouveau spot de toilettes pour une expérience bien plus confortable. Avec près de 12 000 personnes par jour, c'était donc le grand crash test pour les organisateurs qui ont sur s'adapter et écouter les retours des festivaliers.



Côté restauration, l'offre est à nouveau 100% végétarienne avec plusieurs stands de nourriture du monde. Coup de cœur pour le stand Paul Bocuse (oui nous sommes à Lyon) et son croque-monsieur truffé.

La fête dans toute la ville

L’attraction principale de cette année 2024 du festival c'est forcément les Days et son nouveau lieu, mais Nuits Sonores c'est aussi un énorme programme off dans toute la ville avec des événements électroniques un peu partout.



La radio Rinse prenait de nouveau le contrôle de Satriale, un bar à vin situé dans le 1er arrondissement qui a vu défiler aux platines Olympe4000, Djibril Cissé ou encore Mimi Géniale.

C'est dans un cadre intimiste que nous avons pu apprécier des genres plutôt Hip Hop, Afrobeat et R&B, démontrant une nouvelle fois la proposition multi-genre de Nuits Sonores.



Chez le disquaire Unité Centrale, ce sont LB aka Labat et KiNK qui ont retourné la boutique avec deux événements gratuits pour se mettre en jambes avant leurs shows respectifs lors des Nights 4 et 5 à La Sucrière.


Passage éclair à l'open air de Place Guichard où des sonorités électro-orientales se font entendre dès la sortie du métro. Quel plaisir d'apprécier ce retour des beaux jours avec ces extras qui nous permettent de découvrir de nouveaux artistes.



Impossible pour nous de citer et d'assister à tous les événements (dommage) mais parmi le reste du programme on aurait bien aimé passer une tête au show de Camion Bazar à Heat qui célébrait leur 10 ans de carrière ou encore à l'open air de la Famille Maraboutage sur le rooftop de la Part Dieu. Nuits Sonores c'est aussi beaucoup de choix !

Les Nuits prennent le relais

Si le programme de jour est un vrai casse-tête, le programme de nuit n'est pas en reste non plus avec une vrai offre de soirées pour prolonger la fête jusqu'au petit matin.

Les festivaliers ont le choix de poursuivre la soirée dans quatre lieux emblématiques de Lyon, Le Sucre, La Sucrière, H7 et le Transbordeur. Nos choix se sont majoritairement portés vers la Sucrière hormis pour le Day 3 et ce mystérieux after de la scène Soundsystem au Transbordeur…



On démarre par la soirée d'ouverture le mardi sous le signe de la Melodic Techno avec Mind Against et Recondite en format All Night Long avec un B2B magistral entre les 3 artistes en fin de soirée. Une parfaite mise en jambes en vue des 5 jours de fête qui nous attendait.



Le mercredi, c'est la House qui est mise à l'honneur à La Sucrière avec la présence de la légende du genre Kerri Chandler pour son live « Reel-To-Reel ». Une expérience unique en son genre puisque le pilier de la House joue à l'aide de magnétophones et de bandes magnétiques pour une communion totale avec le public.



L'impasse est faite sur la soirée du jeudi qui mettait à l'honneur la Hard Techno avec un plateau composé de Paula Temple, Klangkuenstler, Wallis et la locale Suerte. Un peu de repos ça ne fait pas de mal.

On se retrouve pour la dernière Nuit à la Sucrière, nuit consacrée à la rencontre de deux artistes sous la forme d'un NS Club Versus. Des performances inédites mettant en scène Roni et Olympe4000, U.R.Trax et l'habitué des lieux Daniel Avery et enfin un B2B live de haute volée entre KiNK et Raredub.



Une tempête de BPM et de groove pour clôturer ses Nuits comme il se doit devant un public complètement conquis, merci messieurs !

La masterclass de Skrillex

On ne va pas vous mentir, on a planté la tente sur la Soundsystem pour le Day 3. Impossible pour nous de rater la performance de Sonny Moore aka Skrillex d'autant plus qu'il n'est pas programmé sur la plus grande des scènes.

Le line-up de la Soundsystem est tout simplement excellent ce jour-là avec un B2B entre GREG et Glitter55, la présence du Brésilien RHR et Skrillex en closing. Un savoureux mélange de styles entre Jungle, Techno, Jungle, Baile Funk et j'en passe. Le tout bien influencé par la scène UK qui nous donne un bel aperçu de la nouvelle direction artistique de Skrillex.



On passe quand même une tête sur la Nef pour voir Fatboy Slim qui a littéralement blindé la scène. Une intro sur Queen qui transforme le hangar en vraie chorale puis le vétéran démarre son set avec une pléiade de visuels loufoques. Le set est d'ailleurs filmé en intégralité par les équipes d'Arte Concert et disponible sur Youtube.


Retour sur la scène Soundsystem pour le début du show de Skrillex. L'américain commence par Edith Piaf, une habitude lorsqu'il joue sur notre sol, et c'est parti pour 2h de pur bonheur. Une vraie démonstration de force de celui qui est capable de faire le closing de Coachella et de mixer au Berghain la même année.

Sonny Moore joue avec les styles avec une aisance sans pareille devant un public acquis à sa cause. Une ambiance assez folle règne pendant tout le set avec en point d'orgue les désormais classiques « Baby Again », « Rumble », « Butterflies », « Fine Day Anthem » et ses anciens classiques « Scary Monsters and Nice Sprites », son remix de Cinema, « Summit » ou encore « Make It Bun Dem ».


Skrillex noue joue son dernier titre « Taka », plusieurs exclus dont la future « Pump » ou sa collab avec Tatyana Jane, présente pour l'occasion après leur soirée au Rex Club Paris la veille avec GREG. Un finish d'anthologie sur « Bangarang » et c'est déjà la fin des 2 heures qu'on n'a littéralement pas vu passer.



Mais ce n'est pas terminé puisqu'un after de la scène prenait place dans le club Transbo, petite salle du Transbordeur à Vileurbanne, avec la présence de Skrillex annoncée à demi-mot par les organisateurs.



On y retrouve la même équipe que celle présente la veille au Rex Club à savoir GREG, Tatyana Jane et Skrillex pour un B2B2B intimiste de près de 4 heures. Une soirée hors du temps qui ressemble à un after entre potes mais avec Skrillex aux platines, complètement fou !

Les trois compères enchaînent les styles pour un véritable voyage musical un peu à l'image de la performance de Tatyana Jane et Skrillex au Berghain en janvier. Un finish une fois de plus mémorable sur une ID planante de 5 minutes dans le noir complet. Certains ne peuvent s'empêcher de retenir leurs larmes et on les comprend bien.


On se couche avec la sensation d'avoir vécu une soirée d'anthologie avec sans aucun doute le big boss du game. One for the book comme ils disent.

Un Closing Day légendaire

Malgré une fatigue omniprésente on retrouve les Grandes Locos le dimanche pour le traditionnel Closing Day avec une programmation exceptionnelle. Les choix sont cornéliens pour ce dernier jour de Nuits Sonores.

Jugez plutôt, un set inédit de 5 heures de Solomun, Marcel Dettmann et Ame sur la Nef, le tout dernier show de Pablo Bozzi et Kendal sous Infravision sur la Soundsystem suivi d'un closing de 999999999.



Sous la Galerie, un B2B de titans qui amène tout droit à Berlin entre Ben Klock et DVS1 précédé du set de Bashkka et pour finir sur l’Amphithéâtre, les 20 ans du mythique label londonien Hyperdub. De quoi courir partout !



Le highlight de la soirée reviendra au duo Infravision qui, pour leur toute dernière performance, aura réussi à blinder la scène Soundsystem un peu à l'image de Skrillex lors du Day 3. On file désormais au closing sur la Nef entre les 3 poids lourds de la scène pour profiter de la dernière heure de ce merveilleux voyage.

Solomun, Marcel Dettmann et Ame ont voyagé entre leurs 3 univers pendant 5 heures et terminent leur set en invitant l'équipe du festival sur scène. S'en suit un rappel unanime de la foule pour un dernier moment de communion hors du temps lui aussi.


Les dernières notes de ce set légendaire viennent clôturer ces 6 jours de fête incroyable que l'ont vient de passer à Nuits Sonores. Les jambes sont lourdes mais la tête est remplie de très beaux souvenirs.

Une édition charnière dans l'histoire du festival avec ce déménagement aux Grandes Locos qui fait rentrer Nuits Sonores dans une toute autre dimension. Rendez-vous désormais à la fin du mois de mai 2025 pour la 22ème édition.

Merci Nuits Sonores et à l'année prochaine !

Crédit Photo : William Chareyre / Gaétan Clément / Juliette Valero / Tony Noel / Laurie Diaz / Léa Sng

Article rédigé par MAMat