Il s’agit désormais d’une tradition. Chaque premier week-end de septembre, nous nous donnons rendez-vous en banlieue parisienne à Chatou sur l’île des impressionnistes pour une nouvelle édition d’Elektric Park. Faisant parti des festivals ayant le mieux réussi son édition post-Covid, nous y sommes retournés cette année pour y passer un week-end festif et découvrir les nouveautés préparées par les équipes d’EPK.
La programmation
De nouveau nous avions le droit à une programmation exceptionnelle mêlant jeunes talents et artistes confirmés, pépites françaises et stars internationales, grâce aux équipes de
Joachim Garraud et d’
Allo Floride. Le festival s’était aussi associé à des labels comme
Noir sur Blanc ou
Roche Musique et à des médias (
Tribu de nuit) pour concocter tout ou partie de la programmation de certaines scènes et notamment l’opening où divers concours donnaient l’opportunité à quelques bedroom Dj’s de se produire sur scène.
A saluer également la programmation de nombreuses artistes féminines sur toutes les scènes y compris en MainStage (
Hysta, Venga, Lily Palmer, Neko, Mandy, Grace Kim…) Sur ce point, difficile de trouver un festival qui coche aussi bien cette case de représentativité que l’
EPK. Les artistes n’ayant pas pu honorer leur show l’an passé était bien là cette année comme
Andy C ou
La P’tite Fumée. Enfin, nous notons la créativité des programmateurs et des artistes avec la possibilité d’assister à des shows uniques comme
AVORIAZ ( Joachim Garraud & DeLaurentis), Asdek B2B Vladimir Cauchemar ou encore
Graviity & Jon Bovi pour ne citer qu’eux. Un after avec la Hardcore France Family était aussi proposé au
Glazart pour ceux voulant prolonger la fête jusqu'au petit matin.
Les scènes
La
Yellow faisait office de scène principale. Exit pour de bon les plateformes VIP sur les côtés de scène. Ce changement effectué l’an passé permettait cette année de mettre le paquet sur les écrans (plus de 20). Cela lui donnait une stature bien plus impressionnante et la sublimait de nuit. Plus besoin non plus des filets pour cacher sa structure métallique. Le design spécifique de la
Yellow est finalement ce qui donne sa propre identité au festival et les organisateurs l’ont bien compris. Côté FX, jets de CO2, flammes, bandes colorés et machines à étincelles venaient réchauffer l’atmosphère et ponctuer les drops des DJ’s.
Changement pour la
Black qui avait gagné un toit mais gardé son excellent système son
Pioneer Pro Audio qui résonnait jusqu’aux oreilles des auditeurs de la Yellow. En même temps avec 6 XY-3B et 8 XY-218HS, difficile de ne pas déranger les voisins d’autant plus avec une prog axé techno le dimanche. Heureusement, pas d’appel pour tapages recensé, l’équipe de
Pioneer Dj France s’en est bien sorti.
Pour la
Red / Orange on notait peu de changements significatifs si ce n’est l’apparition d’un écran en forme de croix qui avait fait défaut l’année dernière et a permis de profiter des visuels des artistes et de mieux comprendre qui était en train de se produire sans regarder la timetable. De nuit, les lasers faisaient le boulot mais il manquait quelques flammes ou confettis pour parfaire le tableau.
La belle nouveauté provenait de la scène
Blue / Purple qu’on surnommera la « Duck stage » en raison de la présence d’un énorme canard jaune gonflable siglé
EPK à côté de celle-ci. Pour cette année, nous avions le droit à une grande scène avec écran géant (la scène de Road To EPK), machines à bulles, flammes et artifices à gogo de jour comme de nuit. Les amateurs de bass music étaient comblés par cette innovation.
Pour les plus chanceux ayant accès à la
Gold située près du village artistes, ils pouvaient profiter d’une scène en palettes de bois avec un Dj booth sponsorisé par
Jägermeister contenant de véritables bouteilles incrustées.
L’organisation
Il y’avait beaucoup de monde à l’
Elektric Park mais pour autant l’entrée comme la sortie ont été fluides durant le week-end. Quelques pancartes indiquaient l’horaire des derniers RER et des informations pour quitter le festival en toute sécurité. Grâce à la présence des forces de sécurité et de la brigade fluviale, on se sentait en sécurité y compris dans le festival où les agents n’hésitaient pas à aller aider les festivaliers qui pouvaient rencontrer des problèmes ou prévenir la Croix-Rouge qui répondait avec réactivité aux petits bobos.
L’EPK est aussi l’un des rares festivals où le lien artiste-public n’est pas entravé par des agents de sécurité postés derrière les crash-barriers de chaque scène sans bouger.
Côté prévention, le festival avait pensé aux contrôles d’alcoolémie et édicté une charte fondée sur 3 principes : inclusivité, respect et responsabilité ainsi que écologie. Des équipes
SAFER étaient déployées pour aider les personnes en difficultés, des points d’eau potable étaient répartis sur l’île et plusieurs éboueurs parcouraient le site pour récupérer les déchets des festivaliers.
A noter comme l’année dernière quelques problèmes techniques de son ou de matériels qui ont émaillé la
Yellow mais aussi la
Blue / Purple. Le festival avait pourtant renforcé son nombre de générateurs mais certains ont pu être surpris par la puissance des kicks de
Mr Oizo ou
Hysta. Saluons aussi l’engagement des bénévoles qui sont avérés disponibles et chaleureux. Quant aux toilettes, elles étaient plutôt propres et il ne fallait pas attendre plus de 15 min aux heures de pointe pour y accéder ce qui reste raisonnable pour ce type d’évènement.
Seul point négatif notable, le gros bazar au niveau de la timetable notamment le dimanche sur l’
Orange Stage où toute la programmation s’est retrouvée décalée / inversée à la suite de
Ouai Stéphane. Pour certains festivaliers, c’était un peu la désillusion d’arriver sur site et de comprendre que leurs artistes favoris étaient déjà passés. Le festival prévient de venir tôt pour ne rien manquer mais la communication sur ces changements de dernière minute aux festivaliers non présents devant la scène a connu quelques couacs si bien que ceux arrivés pour la
P’tite Fumée (prévu pour 17h45) étaient plutôt surpris de voir
Arnaud Rebotini sur scène (prévu à 14h45).
L’expérience festival
En dehors des concerts les festivaliers pouvaient profiter du saut à l’élastique ou du manège (7€) placé devant la
Red. Au moment du goûter, un stand de gaufres, crêpes et churros venaient régaler leurs papilles de sucre et un autre barnum de bonbons attiraient les plus gourmands. Côté restauration, on retrouvait des burgers, des pizzas, des spécialités grecques, coréennes, des pâtes ou des hot-dogs qu’on pouvait s’offrir pour une dizaine d’euros avec des frites. Afin de s’hydrater plusieurs softs et boissons énergisantes étaient proposés, les VIP pouvaient frimer avec du champagne, les festivaliers lambdas se contentaient de Spritz (9€), de vin rosé ou de bières (8,5€/50cl) dans leur verre consigné 1,5€. Justement au niveau des pressions, nous avons été déçus par le choix et la qualité proposée (EPK, India Pale Lager) et avons préféré nous tourner vers des sodas (4€).
Quelques stands de fripes étaient situés dans la zone chill pour ceux n’ayant plus rien à se mettre pour la rentrée. D’autres préféraient lorgner sur le merchandising où casquettes (10€), badges, tee-shirts (12€), affiches, badges et mugs aux couleurs du festival se partageaient le comptoir. Pour les plus joueurs, un stand d’arcade (3€) donnaient la possibilité de tester ses compétences de gamer afin de remporter une borne dédicacée par les artistes des éditions 2021 et 2022. En définitive, impossible de s’ennuyer ou de trouver le temps long tant il y’avait de possibilités pour s’amuser. On pouvait même y recharger ses batteries au sens propre pour 4€ comme au sens figuré à l’ombre des arbres de l’île des impressionnistes.
Le public/l’ambiance
Jeune et dynamique, le public avait de l’énergie à revendre comme il nous l’a prouvé lors de certains sets sur la
Blue et la
Red. Plusieurs avaient opté pour un déguisement (bravo à l’homme camouflage) et sont repartis couverts de poudre de couleurs.
S’agissant de l’ambiance, elle était au beau fixe et presque aucun élément perturbateur n’est venu troubler la fête. Venant parfois de loin et même de l’étranger, le public s’est déjà donné rendez-vous pour l’édition 2023 et aurait même prolongé la fête un jour de plus. Infatigables !
Les sets
Damien RK
Parrain de la
Red, le français a réveillé les festivaliers avec un set NRV reprenant ses propres morceaux mais aussi des titres de
Roland Cristal, ou
B-Front & Toneshifterz. Le DJ a en aussi profité pour dévoiler l’anthem de la stage, son remix de « One Life » de
Joachim Garraud & Chris Willis. Très heureux d’être de nouveau présent,
Damien RK est apparu très ému à la fin de son set. Nous pouvons le dire, il fait désormais parti des murs de l’
EPK.
Victor Flash
Le jeune talent du
Club Azur était programmé sur la
Black. Grâce à un set house reprenant quelques uns de ses remixes mais aussi des titres de
Kungs et d’autres artistes du moment comme
James Hype, le DJ a réussi a embarquer le public dans son univers coloré. Désormais capable de se produire en solo show, on attend la suite côté production pour
Victor Flash qui connaît une belle ascension depuis quelques mois.
Avoriaz
Chaque année
Joachim Garraud innove et crée un show unique pour son festival. L’année dernière, le duo
We Are Brut avec un artiste originaire de Russie avait dû être annulé car ce dernier ne pouvait pas se rendre en France à cause de son vaccin contre la Covid-19. Cette année, Joachim est allé chercher moins loin une jeune artiste,
DeLaurentis plus habituée aux cabarets de jazz qu’aux MainStage électro. La fusion de sa voix et de son style avec la techno de
Joachim Garraud a donné un set de 45 min très intéressant. On vous suggère d’écouter le rework de « Blue Monday » de
New Order et on espère que l’audio ou la vidéo du set arrivera très bientôt.
Pour son unique date française,
Zomboy a retourné la
Blue qui s’est embrasé comme jamais pendant que les headbangers du premier rang tentaient de soulever les crash-barriers. Côté sélection musicale, le producteur américain nous a gratifié de sa collaboration avec
Dj Snake mais aussi de son banger « Last One Standing avec
Must Die! en closing de son set. Accessible,
Zomboy est allé à la rencontre de son public à la fin de sa prestation pour signer des autographes et effectuer quelques photos.
Sans
Yuksek contraint d’annuler sa venue pour raisons de santé,
Breakbot a livré un set disco/funk très appréciable et qui a fait se déhancher le public de la
Yellow. Quel plaisir d’entendre « Veridis Quo" de
Daft Punk ou d’autres titres de la période french touch comme « Lady (Hear Me Tonight) ». Les festivaliers ne s’y sont pas trompés et étaient venus en nombre pour apprécier cette nostalgie.
Hysta X Furyan
Ce dimanche sur la
Purple, les basses ont vibré et le public s’est trouvé décoiffé par la puissance du hardcore de
Hysta X Furyan. Certains esquissaient leurs meilleurs pas de gabber, d’autres tentaient de suivre le rythme des BPM qui dépassaient les 180. Une frénésie malheureusement interrompu par une grosse coupure de son qui ont permis à
Hysta de faire quelques photos avec ses fans avant de reprendre de plus belle.
Pour leur première date à Paris,
Da Tweekaz se sont occupés du closing de la
Red / Orange. En ce dimanche ensoleillé, le public était principalement venu à la rencontre des deux norvégiens dont la venue à Chatou a fait grand bruit dans la communauté hardstyle. Avec leur célèbre
Jägermeister et leurs remixes de titres EDM comme « Titanium » ou pop comme « Everybody » des
Backstreet Boys, ils ont conquis l’
EPK. Rejoints par
Mandy sur scène pour un « Left-Right » ayant soulevé pas mal de poussière,
Da Tweekaz ont livré le meilleur set du festival qui a frappé un grand coup en les programmant. Wunderbar! On espère les revoir très vite à la capitale.
Conclusion
Chaque année c’est un réel bonheur de retrouver l’
Elektric Park Festival. Le festival s’est trouvé son public, son identité visuelle, son rythme (2 jours), son mode de fonctionnement et continue de nous apporter une programmation exceptionnelle et diversifiée. Facilement accessible aux PMR et œuvrant pour l’écologie et l’inclusivité,
l’EPK est au fil des années et de ses améliorations devenu un modèle d’organisation et de réussite pour l’ensemble de l’évènementiel de la musique électronique. Avec des scènes plus massives et « professionnelles », des collaborations avec des marques et labels reconnus, des tarifs abordables (45€/1J, 70€/2J) y compris au niveau des consommations et des activités.
Pour toutes ces raisons, l’EPK se présente aujourd’hui comme l’un des meilleurs festivals de France de musique électronique à taille humaine. Reste quelques points à ajuster comme régler les coupures de courant ou réfléchir à une manière plus simple (dépliant / application / annonce sur les écrans de toutes les scènes ?) pour suivre la timetable en direct et ses possibles changements de dernière minute afin que le festival s’approche de la perfection. Pour résumer, l’
EPK c’est comme un pote d’enfance que l’on ne voit qu’une fois dans l’année mais avec qui on passe toujours un agréable moment et qu’on quitte à la fin du week-end passé trop brièvement avec la promesse de revenir le voir l’an prochain.
Crédit Photo : EPK / Louis D / Sandrotod
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Article rédigé par Alban Sauty
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