Joachim Garraud se confie sur l'EDM et son public, et son festival Elektric Park

Lors d'une longue interview accordée au magazine Trax, le DJ producteur Joachim Garraud s'est confié sur de nombreux sujets tels que l'évolution de l'EDM, son public, le retour en force de la Techno et, bien sur, son festival Elektric Park qui aura lieu à la rentrée.

Interrogé par Trax au sujet de l'évolution de l'EDM, Joachim Garraud dresse un triste bilan, qu'il est difficile de ne pas partager : "Tout le monde veut gagner de l'argent, les DJ's sont de plus en plus chers, et ça a complètement changé la donne. Entre les années 1990 et aujourd'hui il y a eu une énorme diffusion des musiques électroniques à travers les festivals et les médias. Je pense que ça n'a pas été en faveur de la qualité mais plus de la quantité."

Il poursuit ensuite : "Donc, c'est une très bonne évolution parce que ça donne leur chance à plein d'artistes, par contre je pense qu'on a perdu en qualité sur l'ensemble. Bien sûr il y a des artistes qui sortent du lot mais sur la masse on a perdu."

"C'est pour ça que je ne joue plus sur les main stages"

Après avoir débuté dans le milieu underground avec Laurent Garnier notamment, puis être passé au devant de la scène electro grâce entre autre à ses productions pour David Guetta, Joachim Garraud s'en éloigne à nouveau peu à peu : "Le public EDM réagit sur des tubes, du coup ça influence la programmation du DJ. Mais je t'avoue que j'aime de moins en moins ça, et c'est pour ça que je ne joue plus sur les main stages dans ce genre de festival. J'ai envie d'être libre de jouer ce que je veux, je ne suis plus prêt à faire des concessions sur ma musique."

" Salvatore Ganacci ? Je peux pas considérer ça comme un DJ"

En parlant de main stage, Joachim Garraud n'a pas pu manquer la prestation de Salvatore Ganacci et a réagi : "Quand je vois ça, je me dis qu'on arrive au bout du bout de la prestation d'un DJ. Pour moi c'est même plus le métier de DJ, c'est de l'animation, c'est un clown. Quand j'ai commencé, j'avais deux platines vinyle, t'allais acheter tes disques et t'avais intérêt à être bon en technique et rester concentré. Là c'est du n'importe quoi, je peux pas considérer ça comme un DJ, tout comme je ne pourrais pas considérer comme des DJ's tous ceux qui sont arrivés dans la musique juste pour gagner de l'argent."



Joachim Garraud explique ensuite partager l'avis de Carl Cox, qui déclarait il y a quelques jours que l'EDM avait joué un rôle majeur dans la renaissance de la Techno : " Je suis tout à fait d'accord avec lui. La surmédiatisation de l'EDM, et le fait qu'à un moment tous les titres qui passaient à la radio sonnaient exactement pareil, a amené les gens à vouloir écouter autre chose. Donc la techno est devenue une échappatoire à nouveau underground, comme dans les années 1990."

La guéguerre Underground vs EDM

Le DJ producteur ne semble toutefois pas adhérer à la mentalité en France de dénigrement perpétuel entre fans de Techno et d'EDM : "Aux États-Unis les gens regardent d'abord si t'as du succès dans ce que tu fais. Si tu fais un album techno considéré comme un très bon album techno, tu vas avoir une reconnaissance. Si t'écris des chansons qui doivent passer à la radio et qui passent 15 fois par jour à la radio, tu as la même reconnaissance, parce qu'ils considèrent que tu maitrises bien ton outil. Tu n'es pas dénigré parce que tu as choisi de faire tel ou tel style de musique. Moi en France je me suis senti dénigré à partir du moment où j'ai fait des tubes qui passaient à la radio. J'ai toujours trouvé ça dommage."



Au sujet de son festival Elektric Park qui aura lieu le samedi 8 septembre sur l'Ile des Impressionnistes à Chatou près de Paris, Joachim Garraud confirme son envie d'offrir plusieurs facettes de la musique électronique au public : "C'est vrai qu'il y a un gouffre entre Sven Vath et Feder. J'ai toujours voulu présenter au public français une variété de styles musicaux qui, à mon avis, peuvent aller ensemble (...) Je me suis toujours battu contre cette ségrégation dans la musique parce que je trouve que c'est bien de découvrir des artistes et des styles différents."

Et à ceux qui regrettent qu'il n'y ait pas plus de stars au line-up d'Elektric Park, Joachim Garraud explique simplement : "Le parc peut contenir maximum 25 000 personnes, et les français sont prêts à payer 40 euros environ. Donc on arrive à un budget de 800 000 euros, et c'est la limite de ce que je peux faire. Quand tu vois Martin Garrix qui demande 1 million d'euros, à lui tout seul il coûte plus cher que l'ensemble du festival. Moi je préfère faire découvrir 30 artistes au public français plutôt qu'un seul."

Pour lire l'interview complète de Joachim Garraud par Trax, ça se passe par ici et pour les dernières places pour le festival, c'est sur le site officiel du festival.

Article rédigé par Olivier Brilleau