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L'organisation des festivals mise en danger par l'état d'urgence en France

Par Nad Fyl

Cette année la saison des festivals est plutôt mouvementée. A leur organisation déjà compliquée s'ajoutent les exigences de l'Etat et les règles concernant la sécurité. Tous les festivals sont touchés, même les plus petits. Plusieurs organisateurs s'élèvent contre cette pression que génère l'état d'urgence en France et témoignent.


Ces derniers mois, cinq festivals ont subi des annulations en France à cause de l'état d'urgence. Le 19 juin dernier, sur les Champs Élysées, une tentative d'attentat a eu lieu. 11 jours plus tard devait se dérouler non loin de là la première édition du festival AREA 217 sur la base aérienne de Brétigny-sur-Orge déjà reportée l'année dernière par la préfecture de l'Essonne pour cause d'indisponibilité des forces de l'ordre encadrant l'Euro 2016.

Pour cette année 2017, Tommy Vaudecrane l'organisateur rencontre la préfecture et organise pas moins de sept réunions. A cause de l'état d'urgence et de la taille de la manifestation, les exigences au niveau de la sécurité sont démesurées : " Les dispositifs se sont renforcés au fil des semaines, râle Tommy.". À une semaine de son ouverture, le festival est interdit. La tentative d'attentat qui s'est déroulée quatre jours plus tôt sur les Champs Élysées a refroidi les autorités.



Selon Mixmag France dans certains cas, l'état d'urgence est un prétexte employé par les autorités pour annuler un festival naissant. C'est l'avis d'Irénée, organisateur du Metz Festival, Irénée qui a vu son festival annulé. Sa huitième édition devait se dérouler les 23 et 24 juin derniers ; mais cet événement qui prend toujours place dans des lieux atypiques, de châteaux aux églises et qui devait accueillir 5 000 fêtards a vu son édition annulée, à quelques heures du coup d'envoi.

Selon Irénée : " Si c'était pour organiser un bal folk, on aurait jamais eu de souci. L'idée du festival techno, le premier à se faire ici, ça leur a fait peur." Son raisonnement nous amène donc à penser que les festivals de musique électronique, peu appréciés des autorités, seraient sacrifiés sur l'autel de la sécurité publique. Selon Tommy Vaudecrane d'AREA 217 : "On a eu beaucoup à se justifier sur notre public, relate-t-il. Ils ne le connaissent pas. Donc on a dû fournir des éléments rassurants pour démontrer que ce n'était pas une horde de sauvages qui allait débarquer." Les annulations sont aussi plus faciles à prononcer face à des acteurs moins expérimentés.



Les annulations touchent tous les festivals même les plus petits comme le festival Nostromo qui se déroule à Samazan, dans le Lot-et-Garonne. La fête devait se dérouler dans une grande propriété et accueillir 600 personnes. Le maire emballé par le projet donne immédiatement son accord. Mais c'était sans compter sur la gendarmerie et la sous-préfecture qui ont formellement interdit la tenue du festival. Il est même demandé au maire si celui-ci a reçu des pressions : "Vous savez, si la préfecture vous appelle... S'il y a un problème... Est-ce qu'il y a autre chose... Je pense que oui, mais je ne peux pas vous en parler."



Deux semaines après la tentative d'attentat des Champs Élysées, Emmanuel Macron annonçait la fin prochaine de l'état d'urgence. Cette fin prochaine permettrait-elle aux festivals d'éviter les annulations ? Selon Tommy Vaudecrane : "C'est une bonne chose parce qu'on ne pourra plus invoquer la menace terroriste à tour de bras comme c'est le cas aujourd'hui. Mais les contraintes financières et logistiques ne seront pas levées." En effet les contraintes financières sont énormes et les coûts deviennent trop importants pour n'importe quel organisme : " depuis 2002, les budgets de sécurité ont augmenté de 30 à 50%. Jusque-là, l'intervention des pompiers, de la police et de la gendarmerie étaient prises en charge par l'état ... Sur AREA, ça coûtait plus de 60 000 euros."



Entre pressions, travail monstre, mauvaise ambiance et négociations assommantes avec l'administration, l'organisation de festival parait extrêmement compliquée aujourd'hui. La mesure mise en place par Nicolas Sarkozy semble aujourd'hui dépassée en 2017. L'état ne peut pas exiger plus de sécurité et demander aux festivals de payer la totalité des coûts. Vaudecrane affirme que si les autorités continuent dans cette voie : "il n'y aura plus beaucoup d'événements culturels dans les prochaines années."


Crédit Photo : Lionel Urman/SIPA, Minh-Son Nguyen
Nad Fyl Article rédigé par Nad Fyl
Interview d'Armin Van Buuren